Le premier symposium européen en « médecine du sport comparée équine et humaine, réhabilitation et traumatologie » sâest tenu à Lyon dans le cadre des finales de saut dâobstacles et de dressage de la coupe du monde FEI. Une large place a été faite à lâimagerie, la médecine régénérative (cellules souches, PRP, etc.), au dopage, avec des intervenants de renom en humaine et en vétérinaire.
La journée était organisée par le laboratoire Merial, qui est déjà partenaire du pÃŽle santé Equita. Le symposium a été conçu en partenariat avec lâEuropean Society of Veterinary Orthopaedics and Traumatology (ESVOT), le GREMERES (Groupe de recherche en médecine et rééducation des équidés de sport) et lâécole vétérinaire VetAgro Sup. Le professeur Olivier Lepage (VetAgro Sup) a établi le programme de cette journée. Il existe des similarités entre les deux médecines, explique le Pr Olivier Lepage, « chacune éclaire et améliore lâautre, câest le principe fondateur déjà cité par Claude Bernard à Lyon en 1761 alors quâil fondait la premiÚre école vétérinaire : une seule santé. »
Le symposium a ainsi laissé la place à la comparaison entre les athlÚtes : chevaux, footballeurs, rugbymen du XV de France, etc...
FEI "clean sport"
Une session a été organisée autour du dopage en médecine humaine et équine. Le Dr Harold MÃŒller (FEI, Lausanne, Suisse) insiste sur lâeffort pédagogique qui est effectué auprÚs des cavaliers, des entraineurs et des propriétaires dans le cadre de la lutte anti-dopage. « Nous avons essayé de simplifier lâinformation. » Deux athlÚtes, lâhomme et le cheval, correspondent à deux systÚmes. Chez le cheval, il existe un programme de contrÃŽle de médication FEI, et des contrÃŽles en compétition et hors compétition.
Deux types de produits sont distingués : les substances formellement interdites ("banned substances") qui nâont pas de légitimité en médecine équine, et les médications contrÃŽlées (âcontroled substancesâ) qui ont une légitimité en thérapeutique équine. Le Dr Harold MÃŒller insiste sur la responsabilisation et la responsabilité des différents intervenants, « la personne qui est responsable doit montrer comment la substance est arrivée au cheval ». Il existe une liste FEI de substances prohibées. Il y a environ 966 substances interdites et 190 médications contrÃŽlées. La liste inclut aussi toutes les substances qui possÚdent une structure chimique similaire ou des effets biologiques similaires. « Les substances qui ne sont pas nommées sur la liste doivent être prohibées. »
Comment les substances sont elles définies sur la liste ? « Le concept inclut le bien-être de lâanimal et lâinfluence sur la performance. » La liste est revue par un groupe dâexperts qui propose des changements au bureau de la FEI chaque année. « Nous recommandons de tenir un carnet de notification des médications. »
Déroulement des contrÎles
Les prélÚvements sâeffectuent sur urine et sang. Lorsque le vétérinaire vient prélever le cheval, ce dernier a une heure pour uriner, au delà un échantillon de sang est recueilli. En France, le laboratoire accrédité par la FEI est le Laboratoire de Courses Hippiques. Si le test est négatif, lâéchantillon est détruit. En revanche, les échantillons des chevaux participant aux Jeux Olympiques et mondiaux sont gardés 8 ans, car les méthodes de détection peuvent évoluer.
Si le test est positif et que le cas fait lâobjet dâune procédure administrative, le responsable accepte la sanction, ou ne lâaccepte pas, auquel cas lâéchantillon B est analysé. Un panel dâun tribunal FEI est constitué. La sanction est plus sévÚre dans les cas de récidive.
LâaprÚs JO de Pékin
« La lutte anti-dopage est importante non seulement pour des raisons sportives et dâhonnêteté, mais aussi en termes de bien-être animal et dâimage » martÚle le Dr Charles Troillet, président de la Fédération Suisse de Sports Equestres. LâaprÚs JO de Pékin a été marqué par des changements. Le Dr Jacques Nardin, vétérinaire testeur de la FEI rappelle que « la politique de lutte contre le dopage et la médication de la FEI a été repensée aprÚs les Jeux Olympiques de Pékin â Hong-Kong et a été concrétisée dans une réglementation détaillée, connue sous le nom dâEquine Anti-Doping and Controlled Medication Regulations. »
Des situations diverses
Par expérience, le Dr Jacques Nardin constate que 80% des cas positifs sont des suites dâerreur de médication, de gestion dâécurie, etc. et 20% sont des cas de tricherie. « En courses, les cas positifs sont en constante décroissance. » Dans ce secteur, la pression de contrÃŽle est élevée : pour le Galop en 2012, ce sont 13122 prélÚvements, en Trot ce sont 18576 chevaux contrÃŽlés en course et hors course. 31 positifs se sont révélés positifs.
Les cas de dopage peuvent être trÚs divers : « des contrÃŽles à lâentrainement où lâon va trouver des médicaments sans ordonnance, des voitures qui suivent les chevaux en endurance avec des flacons à cÃŽté du frein à main ⊠! » . Le Dr Jacques Nardin a retrouvé également lors dâun barrage de CSO une seringue dâanti-inflammatoires, un tranquillisant dans la poubelle, etc.
Deux environnements
Il existe deux environnements en France : celui des courses hippiques et celui des sports équestres (FFE, SHF, FEI). LâAFLD est une autorité publique indépendante.
Tout est interdit en course, câest un systÚme rigide, mais il est clair et applicable. En course, tout cheval doit courir sans substance. En dehors des courses, on ne doit pas retrouver de substance dopante, mais on peut traiter le cheval avec des substances thérapeutiques. Toutes les courses et toutes les épreuves sont contrÃŽlées, il y a donc une forte pression.
A la FEI, il existe une liste positive des substances interdites et des substances contrÃŽlées (utiles si elles sont justifiées pour traiter lâanimal).
En sport, sur 1,5 millions dâengagements en 2012, ce sont 834 prélÚvements, les contrÃŽles sont donc quasi anecdotiques âŠ
Au niveau de la FEI, il existe la rÚgle des 5% de chevaux à prélever. Les prélÚvements peuvent être effectués au hasard, au niveau des podiums, ou encore lors de la désignation dâun incident.
« Lutter contre le dopage, câest lutter contre la maltraitance, câest aussi garantir la sécurité du cheval et du cavalier » conclut le Dr Jacques Nardin. Câest aussi limiter les effets indésirables de toxicité des substances administrées, et garantir lâéquité sportive et le respect des rÚgles. Enfin, câest protéger un secteur économique et éviter un déficit dâimage lié au dopage qui entrainerait une désaffection du public. Câest également conserver la valeur de lâélevage et du patrimoine génétique.
Le Dr Charles Trolliet explique le coût de cette lutte contre le dopage est important, cela doit donc être efficace. « Dans un but éducatif, il ne faut pas limiter les contrÎles aux grands évÚnements. Il faut aussi faire des prélÚvements lors de petites épreuves, non dans un but de sanction, mais dans un but pédagogique. » |
