L’espagnole installée à Dubaï, Maria Alvarez Ponton l’emporte avec une jument française, Iska, qu’elle qualifie de fabuleuse. Le français Jean-Philippe Frances est second à l’arrivée, mais Hotspur Karko ne passe pas l’ultime contrôle vétérinaire, à cause « d’un problème de métabolisme ». Le 3e est Laurent Mosti. Ouf ? Non, sa monture Khandela des Vialette est en vente. Jean-Louis Leclerc, entraîneur national est sans billes. « Je suis venu sélectionner huit couples à Compiègne en vue des championnats du monde qui auront lieu en Malaisie début novembre. Je n’ai personne à l’arrivée, à part Laurent Mosti qui a mis son cheval en vente. Il me restait quatre chevaux de réserve, l’un d’eux vient d’être vendu. » En vendant leurs meilleurs produits à tour de bras, les éleveurs français mettent fin à la domination française sur l’endurance, ils risquent une prestation médiocre en Malaisie. « Jusqu’ici ils vendaient les gagnants, mais depuis deux ans, ils cèdent aussi des 5/7 ans, ils abandonnent la génétique, c’est dramatique, » poursuit J.L. Leclerc. En cédant trois ou quatre chevaux par semaine,l’élevage français s’est donc privé de son réservoir : « l’élevage français remporte la course aujourd’hui, mais en même temps les cavaliers n’ont plus les moyens de suivre. La filière endurance est désorganisée, le drame était prévisible. On y est. Il faut absolument cesser de vendre pour espérer un retour à l’équilibre dans deux ou trois ans ou c’est la fin. Compiègne montre que les montures des Français ne peuvent pas suivre une course aussi rapide. » Il faut dire que Maria Alvarez Ponton qui a fait la course en tête de bout en bout a mené un train d’enfer : 18 de moyenne et 25,76 dans les 23km de la dernière boucle ! Avant d’arriver seule, devant Jean-Philippe Frances. « Sans forcer. J’ai dû faire vite car j’étais poursuivie par les meilleurs, mais sans risque car ma jument tenait très bien, elle est calme, son mental est exceptionnel. »
La meilleure cavalière mondiale s’est battue avec les Belges Karin Boulanger sur Armia (qui finit au galop) et l’ex championne d’Europe Kristel Van den Abeele qui arrive au pas, Yasmina du Florival a la tête basse et le dos voûté, elle est harassée. Elles se classent 3e et 4e. la Française Caroline Denayer Gad est 5e et garde sa sélection pour la Malaisie. Sophie Arnaud et Sabrina Arnold arrivent au petit galop de chasse, main dans la main, en souriant. Puis les suivants se font attendre… La course a été rapide dès la première boucle en forêt, sur un sable confortable, bien rebondissant sur des dénivelés raisonnables, « mais l’après-midi, la pluie continue a détrempé le sol, l’a rendu glissant, épuisant. Impossible d’accélérer » raconte Vincent Dupont. « Après un démarrage en fanfare, la plupart des couples ont payé la facture sur les boucles 3 et 4 , » analyse le directeur de course, Christian Dupuille. Une petite moitié seulement a pu repartir après le dernier vet gate. Reste dans l’escarcelle de l’entraîneur national Laurent Mosti et Caroline Denayer Gad ( Gwellic du Parc) Sont éliminés Vincent Dupont, Barbara Lissarague, Marc Couffin, Jean-Luc Riou, Virgnie Atger et Anne Detrez.
J.L. Leclerc recommence l’exercice le weekend prochain, avec vingt couples en lice, mais il redoute le même scenario. Ce matin, Maria Alvarez Ponton reprend l’avion pour DubaÎ où est stationné son piquet. Elle y passe l’été. Elle compte aller en Malaisie avec Nobby, 3e au championnat d’Europe l’an dernier. |