La politique française du cheval expliquée aux responsables de la filière le 15 décembre, au ministère de l´Agriculture, pour les années à venir, laisse un goût amer. C´est un lâchage en bonne et due forme et des coupes sombres à tous les niveaux. Une nouvelle orientation qui s´appuie sur deux piliers : l´IFCE et la Maison mère du cheval de sport.
Les subventions aux associations de race vont diminuer de 40% pour l´ANSF, l´ANAA et l´ACCA, de 17% pour les autres. La SHF perd sa subvention de 170 000 euros. « Le projet de loi de finances 2011, indique la note d´orientation budgétaire, prévoyait un montant de 4,7M€ pour les aides à la filière équine. Cela représentait une baisse d´environ 45% par rapport à 2010 (après une baisse de 25% en 2009) des crédits du programme d´actions nationales en faveur du cheval). Un amendement parlementaire abonde de 2M€ cette enveloppe. Dans ces conditions, le montant total de l´enveloppe, après application d´un gel de 7%, serait de 6,231M€, limitant la baisse à 26%. »
Un rôle accru pour la SHF-Maison mère : C´est un rude coup porté aux associations nationales de race, à l´ANSF entre autres dont le fonctionnement et la politique d´organisation sont totalement remis en cause par ce rapport d´orientation. En effet, est-il précisé au chapitre des principes qui doivent prévaloir :
« - L´évolution conduite par la SHF pour devenir la « maison mère du cheval et du poney de sport » en regroupant l´ensemble des acteurs en fait : - l´interlocuteur privilégié de l´État - l´acteur principal de la valorisation du jeune cheval - une instance de proposition pour l´attribution des soutiens publics à la filière.
- La nécessité de privilégier les aides en direction des acteurs eux-mêmes (éleveurs,cavaliers, propriétaires) plutôt que de soutenir le fonctionnement de structures (associations...).
De ce fait, les axes suivants doivent être privilégiés : - La valorisation des jeunes chevaux afin de conduire à une caractérisation des produits et une meilleure commercialisation.
Il revient à la Société hippique française dans ce cadre, et dans son rôle de société mère des jeunes chevaux et poneys de : - mettre en place un système de primes permettant un calcul préalable de l´enveloppe - réfléchir à l´avenir du cycle libre prenant en compte la caractérisation des chevaux de loisirs et d´amateurs. - concevoir un circuit d´élevage pour les jeunes équidés de 0 à 3 ans et définir les critères devant le présider : caractérisation des animaux, animation des territoires. - le mettre en cohérence avec les actions conduites par la SHF, et en confier la coordination à cette dernière - s´interroger sur l´avenir des primes PACE ou PAN, dont le mode de répartition est contestable et complexe, pour revenir à des primes très ciblées et conséquentes : - abandonner l´aide aux Associations Nationales de Race (sauf, éventuellement, à rester au niveau « plancher » pour toutes) considérant que leurs actions relèvent essentiellement d´objectifs commerciaux et que seules les missions de portée régalienne (gestion des stud-books) pouvaient justifier un soutien financier public.
. L´utilisation : - Il est important de maintenir l´aide apportée aux compétitions équestres afin de préserver les échanges de données entre la Fédération Française d´Équitation et la base centrale SIRE
- Il est nécessaire de réviser le protocole FFE/SHF/MAAP/MinSports afin de lui donner une nouvelle actualité en tenant compte des évolutions constatées dans les rapports qui unissent le sport et l´élevage.
L´exception équine : Ce rapport pointe quelques unes des « spécificités » qui distinguent quelque peu le monde du cheval de la sphère agricole. - l´atomisation de l´élevage - une quasi-absence d´encadrement communautaire : il n´existe, en particulier, pas d´OCM « cheval » - un poids important des bénévoles et des amateurs au regard de celui des professionnels - le caractère crucial et long de la transformation du produit (le marché du cheval de sport ou de loisir se situe à 4 ou 5 ans, le cheval étant débourré, dressé, prêt à l´emploi) - une production peu en phase avec les débouchés dans la mesure où le loisir et les amateurs représentent 80 % du marché - une identification médiocre de la demande et une opacité des transactions - une évolution forte de la notion de race à laquelle se substitue le concept de marque commerciale.
Au chapitre des mesures utiles au développement de la filière, la formation, la production, la valorisation, l´identification, la connaissance font partie des priorités. La place à l´international est dévolue à l´UNIC dont le rapport estime qu´il faut conforter son rôle en tant qu´opérateur collectif à l´international et définir celui de l´IFCE à ses côtés.
« Les choix opérés répondent à la logique suivante, conclut le rapport :
- les associations nationales de race sont agréées par le MAAPRAT pour contribuer à l´amélioration génétique par la tenue de leur règlement de stud book - privilégier les fédérations afin d´inciter à la mutualisation - prendre en compte la FENECSO (fédération des associations régionales d´éleveurs) afin de reconnaître la réalité du travail effectué en région - maintenir les aides à la valorisation (SHF/ 4-6 ans) dont les effets sont largement « démultiplicateurs » en particulier sur la commercialisation - limiter la diminution des aides aux épreuves élevages sport et trait (0 à 3 ans). L´objectif est de concentrer les sommes disponibles au profit des éleveurs en faisant évoluer le mode d´attribution pour mieux cibler les aides et éviter tout saupoudrage ».
Ces mesures ont soulevé une certaine émotion en fin de réunion. Patrick Falcone, sous-directeur du développement rural et du cheval a précisé que les tableaux présentés ont fait l´objet d´un arbitrage au cabinet du Ministre, mais pouvaient éventuellement être amendés dans les conditions suivantes :
- ne pas bouger l´équilibre des grandes masses : actions nationales, utilisation, et au sein de l´élevage : sport, poneys, traits et ânes - les modifications éventuelles doivent être présentées par le président de la société-mère, les présidents des fédérations traits, poneys et ânes, et avoir fait l´objet d´un arbitrage et d´un consensus interne - les propositions doivent être rendues pour le 28 janvier 2011 dernier délai.
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