A six mois jour pour jour de l´ouverture des Jeux olympiques de Pékin, la pollution atmosphérique semble la préoccupation essentielle des délégations étrangères.
Des dizaines d´entre elles ont déjà prévu de se préparer au Japon, en Corée du Sud ou à Singapour comme la puissante équipe américaine de natation. Le but est d´Ã©viter une exposition prématurée à l´air de la capitale chinoise dont la concentration en azote, ozone, monoxyde de carbone et dioxyde de soufre est cinq fois supérieure aux normes établies par l´Organisation mondiale de la santé, certains envisageant de porter des masques, si ce n´est en compétition, du moins à l´entraînement.
Dans ce contexte, athlètes et entraîneurs livrent ouvertement leurs inquiétudes sur la qualité de l´air.
Le recordman du monde du marathon Haile Gebreselassie a ainsi évoqué, cette semaine à Pékin, l´Ã©ventualité de ne pas participer aux JO ou de courir sur une distance plus courte comme le 10.000 mètres.
"Si la situation est trop critique, mieux vaut ne pas participer du tout", a-t-il déclaré. "Ce que je veux avant tout, c´est continuer de vivre en bonne santé. D´accord les organisateurs font des efforts pour changer les choses. Mais la pollution reste pour moi un problème majeur. D´ailleurs, il ne s´agit pas seulement des Jeux olympiques, les gens d´ici souffrent à longueur de temps de la pollution", a-t-il ajouté.
Les épreuves d´Ã©quitation qui se dérouleront à Hong Kong, fortement touchée par la pollution, le brouillard et l´humidité, inquiètent également certaines délégations. Les cavaliers canadiens et allemands ainsi que l´Ã©quipe suisse de dressage ont évoqué la possibilité de déclarer forfait.
Il y a cinq mois, la joueuse de tennis belge Justine Henin, championne olympique en titre, avait décidé de ne pas participer à l´Open de Chine à cause de son asthme. Elle non plus n´exclut pas de déclarer forfait pour les JO.
Pour limiter la pollution lors de l´Ã©vénement et maintenir intacte l´image d´un pays moderne et en pleine croissance, les autorités chinoises envisagent de fermer provisoirement des usines, de suspendre certains chantiers et d´interdire environ un million de véhicules à la circulation.
"Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour rendre l´air plus respirable pour tous les athlètes", a déclaré la pongiste Deng Yaping, quadruple championne olympique et sous-directrice du Village olympique où seront logés 17.000 athlètes et officiels. "Mais souvent les résultats ne sont pas visibles à court terme en matière d´environnement", a-t-elle ajouté, précisant que la question de la pollution atmosphérique avait également suscité de nombreuses craintes avant les JO de Los Angeles et d´Athènes.
Le respect des droits de l´homme préoccupe également les observateurs internationaux. La Chine détient et condamne toujours des figures majeures de l´opposition au pouvoir communiste. Malgré l´assurance gouvernementale faite aux 30.000 journalistes de pouvoir exercer leur métier sans entrave, la méfiance demeure.
"A ce jour, la Chine n´a toujours pas affiché sa volonté de respecter les promesses faites à la communauté internationale pour décrocher l´organisation des Jeux", constate Sophie Richardson, porte-parole de l´ONG Human Rights Watch. "Au contraire, on observe actuellement une tentative systématique de réprimer et de passer sous silence les actions des citoyens chinois qui réclament au gouvernement un plus grand respect des droits fondamentaux".
Les services secrets chinois ont récemment durci les conditions d´obtention des visas, accentué les contrôles sur les ressortissants étrangers et renforcé la sécurité dans tout le pays afin de prévenir les actes de terrorisme mais surtout les manifestations critiques à l´encontre du pouvoir chinois sur les questions du Soudan, de l´environnement et des droits de l´homme entre autres.
"La Chine s´est pleinement engagée auprès du Comité international olympique afin que les Jeux se passent dans les meilleures conditions", a déclaré cette semaine Liu Jianchao, porte-parole du ministre chinois des Affaires étrangères. "Cependant, il faut garder à l´esprit que notre pays a ses propres lois et règlements... La Chine est un Etat de droit", a-t-il ajouté. |
