Lâauditorium de la Maison du Sport de Paris était comble en cette matinée du 2 octobre pour assister au colloque organisé par lâINRA et lâIFCE sur le thÚme « La filiÚre équine française à lâhorizon 2030 ».
Sur une période de dix huit mois, un groupe de travail pluridisciplinaire baptisé« Prospective Equine », composé dâune vingtaine de personnes, sâest réuni onze fois sous la présidence de Philippe Perrier Cornet (INRA), pour construire les images possibles de la future filiÚre équine en utilisant la méthode des scénarios. Pour compléter les réflexions de ce groupe, ont été consultés quelques soixante deux acteurs économiques, socio-professionnels et divers experts des ministÚres, dont lâanalyse conjuguée a été soumise à des ateliers régionaux en Ile de France, Languedoc Roussillon et Basse Normandie. Objectif de ce travail en profondeur sur lâavenir de la filiÚre à lâhorizon 2030: décrypter les attentes des usagers, déterminer les futurs usages du cheval de maniÚre à « aider les différents acteurs de la filiÚre à anticiper les changements et à éclairer les politiques publiques et la recherche ». Françoise Clément (Directrice des Connaissances et de lâinnovation IFCE) le rappelait en introduction, certains éléments clés ont été pris en considération comme base de réflexion, à savoir lâengouement pour lâéquitation de loisir, lâintérêt de la population pour le secteur des courses et les paris hippiques, le désengagement de lâEtat, la concurrence internationale sur le marché du cheval de sport (10% dâimportation annuelle) et le fait que 85% des chevaux élevés sur le territoire naissent au sein de micro entreprises et chez des amateurs. Ont également été pris en compte la nécessité de pérenniser les emplois, et lâaspect environnemental et social de la filiÚre.
Quatre scénarios ont ensuite été isolés. «Tous à cheval » « Le cheval des élites », « Le cheval citoyen» et « Le cheval compagnon » Parmi les problématiques transversales communes aux quatre scénarios : La relation entre lâhomme et le cheval, avec les diverses facettes de son utilisation, la nécessité de poursuivre la professionnalisation des entreprises (adéquation entre production et usages, efficacité économique des entreprises), lâimportance des enjeux fonciers (limité au développement potentiel) et de lâintégration de la filiÚre dans les territoires, lâérosion de la biodiversité du cheptel équin français (chevaux de trait) et les contraintes liées à la santé et à la fin de vie des animaux (retraite, abattage ou équarrissage).
La solution
Si tous les experts sâaccordent à conclure que « LA » solution sera vraisemblablement un mixage de ces divers scénarios, lâanalyse de cette étude a dâores et déjà permis dâisoler quelques points clés qui mériteront de sous tendre toute action future. Gérard Larcher (député maire de Rambouillet), aprÚs avoir rappelé le rÃŽle agricole du cheval,insistait sur la nécessité de fédérer une filiÚre trÚs atomisée en sâinspirant,pourquoi pas, du modÚle des sociétés de course. Sur un plan plus« affectif », lâex président du Sénat appelait les acteurs de la filiÚre à ne pas déraper vers les dangers de lâanthropomorphisme en passant du« respect à lâamour du cheval », tout en conservant à celui-ci son rÃŽle dâacteur social. Philippe de Guénin, directeur de lâIFCE, concluait cette matinée en insistant sur la nécessité de se pencher sur le comportement et la caractérisation des chevaux produits dans lâhexagone, la nécessité pour la filiÚre de gagner en puissance pour sensibiliser les politiques sur son sort,rappelait également lâimpact culturel du cheval, et attirait lâattention des participants sur le fait que lâavenir de la filiÚre dépendra de son sens de lâarbitrage.
Une initiative riche en enseignements de la part de lâINRA et de lâIFCE dont le mérite est dâapporter un éclairage documenté sur la filiÚre actuelle tout en éveillant lâensemble de ses acteurs aux enjeux de leur propre futur.
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