"La fin de vie de l´animal" était le thÚme de la journée organisée par la société d´ethnozootechnie le 8 novembre dernier au Sénat.
La profession vétérinaire est réguliÚrement confrontée à cette problématique et les différentes familles qui la composent sont dâailleurs en train de finaliser un nouveau référentiel. Ainsi, plusieurs vétérinaires sont intervenus durant ce colloque pour aborder les spécificités de chaque espÚce, dont lâespÚce équine, qui présente la particularité dâêtre à la fois un animal de rente (filiÚre bouchÚre) et un animal de compagnie.
« La souffrance des bêtes d´abattoirs fait souvent fuir le consommateur. On ferme les yeux, on se ferme les yeux, on ferme les yeux des autres » constate le Dr Jean-Pierre Kieffer, président de lâÅuvre dâassistance aux bêtes dâabattoir (OABA). En outre, le sujet fait souvent lâobjet dâune emprise politique. En 50 ans de protection animale, beaucoup de choses ont changé dans les abattoirs et pour les animaux. Mais des problématiques demeurent, comme des conditions de transport parfois délétÚres, car les animaux ne sont jamais abattus où ils sont nés. Ainsi, ils peuvent être transportés dans des conditions inadéquates et parfois durant de longues heures. De récentes avancées rÚglementaires seront applicables à partir du 1er janvier 2013 : elles concernent la formation du personnel dâabattoir, lâobligation de désignation dâun responsable protection animal pour encadrer le personnel, etc. « Espérons qu´elles seront appliquées sur le terrain » déclare le Dr Jean-Pierre Kieffer, car le problÚme est souvent le décalage entre les textes et la réalité de terrain ... La majorité de la viande chevaline consommée en France est importée du continent américain. 80% des 16200 poulains de trait nés en France sont exportés vifs (majoritairement vers lâItalie qui est un important consommateur).
« Des champs de course à la maison de retraite, on n´achÚve plus les chevaux » était le thÚme de lâintervention du Dr Vincent Boureau , responsable de la commission bien-être et comportement de lâAvef. On estime le taux de renouvellement annuel des chevaux de course de lâordre de 20%. Le nombre de chevaux réformés des courses et abattus est estimé à 9500 par an. Les chevaux trotteurs sont largement majoritaires, notamment en raison de la prime à l´abattage qui fait vivre la filiÚre du trot. Raison pour laquelle cette filiÚre reste trÚs attachée au statut d´animal de rente. « Au tiers de sa vie, un cheval de courses a terminé sa carriÚre sportive » explique le Dr Boureau. De même, lâespérance de vie des chevaux augmente en raison dâune meilleure médicalisation. Le problÚme de la vie des chevaux et de leur fin de vie se pose donc. La possibilité de reconversion des chevaux de course existe, et certains sont même montés à un trÚs haut niveau de compétition.
Plus largement, le problÚme des chevaux qui ne sont plus désirés par lâhomme est dâailleurs international, comme aux Etats-Unis avec les « unwanted horses » qui sont les chevaux qui ne sont plus désirés, soit en raison de leur âge, de leur inaptitude physique, de leurs pauvres performances ou des difficultés financiÚres de leur propriétaire. à lâinitiative de lâAmerican Association of Equine Practitionners (AAEP), une alliance (Unwanted Horse Coalition, UHC) a vu le jour en 2005, placée sous la coupe de lâAmerican Horse Council (AHC). Ãducation, communication et responsabilisation sont mis en exergue. LâUHC avance le chiffre de 170 000 cas dâabandon, de négligence ou dâabus sur le territoire des Ãtats-Unis. Malgré les installations de sauvetage disponibles outre-Atlantique, elles nâont pas la capacité de gérer lâensemble des chevaux indésirables. La crise économique nâa pas aidé. LâIrlande a eu aussi à gérer ces problÚmes, comme des populations de chevaux livrés à lâabandon.
Sur lâHexagone, « la ligue française pour la protection du cheval (LFPC) développe son rÃŽle de prévention et d´information pour que les propriétaires soient conscients lors dâun premier achat quâune vie de cheval est dâau moins 25 ans, quâil nécessite un entretien, des soins, etc » . En outre, la LFPC a mis en place avec France Galop un partenariat pour un fonds de reconversion (1/1000e des gains) pour les galopeurs qui permet une prise en charge annuelle de 230 galopeurs en retraite. La princesse Zahra Aga Khan est la marraine de la LFPC et plusieurs grands noms des courses y souscrivent. Le Dr Richard Corde est le président.
La fin de vie des chevaux de courses n´est pas seulement un problÚme éthique, mais aussi sociétale. Et la question mérite dâêtre posée dans toutes les filiÚres du cheval.
|