La quinzaine de lâantibiorésistance vient de sâachever. En témoignent les réunions organisées ces derniers jours. Si lâespÚce équine nâest pas en ligne de mire des animaux ciblés par le plan de réduction de la consommation, des études émergent, de même quâune démarche raisonnée et une meilleure information.
Au ministÚre rue de Varennes, le 14 novembre dernier, le ministre de lâAgriculture Stéphane Le Foll a martelé le message en santé animale : « utiliser moins, et utiliser mieux ». Le 19 novembre, câétait au tour de lâAnses dâorganiser la désormais traditionnelle journée annuelle sur lâusage raisonné des antibiotiques chez lâanimal. Des travaux existent aujourdâhui chez le cheval et la recherche se développe dans ce domaine. Le Dr Jackie Tapprest (Anses Dozulé, Calvados) et Sophie Granier ont ainsi présenté les résultats dâune enquête sur le portage dâentérobactéries résistantes aux céphalosporines de 3e génération en filiÚre équine. En effet, « au début de lâannée 2010, le réseau Salmonella de lâAnses a mis en évidence la présence en région Basse- Normandie dâune souche de Salmonella serovar Typhimurium multi-résistante aux antibiotiques ». Cette souche a été à lâorigine dâun épisode infectieux chez des chevaux. Elle a été isolée concomitamment dans du lait et du fromage au lait cru en provenance de cette même région. Enfin, un mois aprÚs lâémission dâune alerte par lâAnses, des cas humains de salmonellose avec une souche présentant les mêmes caractÚres ont été rapportés. Cette étude menée en Basse-Normandie mérite dâêtre poursuivie en dehors dâun contexte de crise pour connaître la prévalence de telles résistances en France. Le 21 novembre dernier, les quatre académies : vétérinaire, de médecine, de pharmacie et de lâagriculture se réunissaient autour dâun débat sur lâantibiorésistance. Lâoccasion de présenter des recommandations qui font consensus entre les différentes académies.
Le MinistÚre a tracé la feuille de route
Le MinistÚre de lâAgriculture a fixé des objectifs dâamélioration de lâutilisation des antibiotiques chez lâanimal dans un plan de 40 mesures initié lâan passé. « Nous souhaitons limiter le recours aux antibiotiques par la sensibilisation des acteurs, par la promotion des bonnes pratiques et en renforçant lâencadrement » explique le Dr Jean-Luc Angot, Directeur général adjoint à lâAlimentation (DGAL). Il sâagit aussi de mettre en place un dispositif de suivi des consommations et de lâantibiorésistance, et développer de nouvelles alternatives en favorisant lâexpérimentation et la recherche. Le plan du ministÚre sâintitule Ecoantibio2017. « Câest un plan ambitieux qui souligne les mesures incitatives dâencadrement renforcé » poursuit le Dr Patrick Dehaumont, Directeur générale de lâAlimentation (DGAL).
Raisonner à lâéchelle mondiale
Le Dr Bernard Vallat, directeur de lâOIE (Organisation mondiale de la santé animale) explique aussi que la santé humaine est étroitement corrélée à la santé animale. En effet, les trois quarts des maladies émergentes chez lâhomme ont une origine animale. Câest le concept « One Health » : un monde, une seule santé. Une stratégie mondiale de gestion des risques qui intÚgre lâhomme, lâanimal, et le monde est donc essentielle. La lutte contre lâantibiorésistance est lâun des objectifs prioritaires de lâOIE. Le Dr Bernard Vallat souligne la nécessité dâune législation et dâune application appropriée par le biais de systÚmes nationaux de santé animale. Dans certains pays, les antibiotiques sont encore vendus sur des marchés comme des bonbons ! Le problÚme doit être géré au niveau mondial, car si seul un nombre restreint de pays fait des efforts, les résultats ne seront pas au rendez-vous, les bactéries et les résistances nâont pas de frontiÚre ⊠En conclusion, les maitres mots sont : une surveillance appropriée, une détection précoce, la transparence et la législation comme base de la prévention.
La problématique chez les équidés est quelque peu différente de celles des animaux de rente (porcs, volailles, bovins, etc.) destinés à la consommation humaine. En outre, lâAssociation vétérinaire équine française, comme lâOrdre des vétérinaires ont une démarche pro active et responsable sur ce sujet, et un consensus sur lâélaboration de bonnes pratiques en médecine équine est en cours dâélaboration.
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